"En 2017, cela fait 10 ans (déjà !) que j’écris pour des journaux de collectivité ; 4 ans au sein d’une agence, 6 ans à mon compte.
- 10 ans à rencontrer des élus, des agents communaux, des habitants, des associations, des entrepreneurs, des industriels, des agriculteurs et autres acteurs locaux.
- 10 ans à arpenter des territoires de 2500 habitants à plus d’1,5 million.
- 10 ans à prendre le pouls, à scruter les évolutions.
- 10 ans à m’émouvoir ou à m’énerver, à rire ou à râler, et toujours y retourner."
C’est quoi la réalité de ce job ?
"1/ Savoir travailler avec des contraintes : de ligne éditoriale, de mise en page, de délais.
2/ Savoir gérer les imprévus, trouver des solutions de remplacement pour tenir les délais, quoi qu’il arrive. C’est dans les journaux de collectivité que se cache le fameux « plan B » !
3/ Vérifier les informations fournies plutôt deux fois qu’une.
4/ Ne pas avoir peur de répéter les mêmes sujets d’une année sur l’autre. Et se demander comment on va les traiter pour ne pas faire de redite.
C’est sûr qu’il ne faut pas rechercher la célébrité quand on écrit pour une collectivité. En revanche on ne manque pas de reconnaissance. Une reconnaissance qui ne fait pas de bruit, mais qui fait du bien."
Qu’est-ce qui fait qu’on devient accro à ce job !?
"Parce qu’on communique sur la vraie vie des vrais gens. On met les pieds en plein dans la réalité. Sans poser de jugement, ni de regard condescendant.
Tout est réel : du devoir de sécurisation des écoles depuis les attentats terroristes à la construction de logements sociaux. En passant par la baisse des dotations de l’État ou la densification des centres-bourgs.
Le moindre rendez-vous associatif a une incidence concrète sur un village. La mise en place de transport en commun change la vie de tout un territoire. Au même titre que la modernisation d’une station d’épuration, l’ouverture d’une zone d’activité, l’inauguration d’une médiathèque, l’arrivée de la fibre ou la création d’un city-stade.
Tous ces sujets, et bien plus encore, se retrouvent dans les journaux de collectivité. Et tous ont en commun de rendre tangible les notions de service public et d’intérêt général.
Et je vous assure que la moindre brève est lue. Que chaque dossier est décortiqué. Que l’édito est passé à la loupe. Quand on est rédacteur, c’est plutôt rassurant de savoir que l’on va être lu. Cela met une bonne pression.
Bien sûr, ce sont les habitants pas contents qui appellent la mairie ou moi (quand mon téléphone est dans l’ours) sur tel ou tel sujet. Comme cet habitant de Lyon 3e outré d’apprendre dans le journal d’arrondissement qu’une place allait être rebaptisée Nelson Mandela (oui, pour les raisons que vous imaginez, je le sais parce que c’est moi qui aie eu le plaisir de l’écouter)… Là encore, c’est la vraie vie."
La subtilité des champs lexicaux entre mairies de droite et mairies de gauche
"L’orientation politique de la municipalité en place se traduit non pas par les sujets traités, mais par le choix d’un champ lexical. Une nuance plus ou moins subtile.
A ce titre, il est une nuance assez remarquable autour d’une même expression : « participation citoyenne ».
Pour une mairie plutôt à gauche, la « participation citoyenne » fera référence à la démocratie participative, une tendance politique qui consiste à impliquer les citoyens dans la prise de décision par le biais de réunions et de consultations publiques.
Alors que pour une mairie plutôt à droite, la « participation citoyenne » fera référence à un dispositif, mis en place avec la gendarmerie et la préfecture, qui fait appel à la vigilance de chacun dans son quartier afin de signaler à un référent (un habitant du quartier qui assure la liaison avec la gendarmerie) tout comportement suspect susceptible d'engendrer a minima des actes d'incivilité, au pire des cambriolages.
Aucun rapport, vous en conviendrez !"
Des journaux de collectivités pour lesquels je n’écrirai pas
"Si les subtilités lexicales permettent d’identifier une tendance politique, elles n’ont en revanche rien de commun avec la divulgation d’informations fausses (et je pèse mes mots) dans le but de faire passer des messages politiques haineux. Le journal municipal de Béziers, mairie FN, illustre parfaitement cette déviance abjecte.
On se trouve alors à mille lieux du fameux « vivre ensemble » auquel recourt la grande majorité des municipalités qui tiennent des discours « de droite » ou « de gauche » mais toujours honnêtes vis-à-vis de leurs concitoyens.
Je finirais par cette notion de « vivre ensemble » malheureusement trop employée et à toutes les sauces (comme, en son temps, la notion de « développement durable ») afin d’aborder l’une des responsabilités essentielles de mon métier : ne pas galvauder une notion humaniste et universelle en la citant à tour de bras. Rien de pire pour lasser les lecteurs-électeurs..."
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